mardi 1 avril 2025

Mensuel Avril 2025 - N°388

 

Mensuel de diffusion d’informations sur l’oralité,

les conteurs et les raconteurs.

avril  2025 – N°388

 

P 912122 Bureau de dépôt CHAUDFONTAINE 4050  

Editeur responsable: Marie-Claire Desmette, av. E. Ysaÿe, 32/224 4053 Embourg

  

Au sommaire, ce mois-ci:

- Articles

- Spectacles – Veillées – Balades

- Formations

- 9 histoires      

 


 

388ième Veillée du 7- Scène ouverte, spectacle de contes

 

quand ? le vendredi 11 avril 2025 à 20h        

où ? Théâtre à Denis, 302, rue Ste Marguerite, 4000 Liège

combien ? 4€                                                        pour qui ? tout public

infos, inscription pour conter : réservation maisonconteliege@gmail.com; 0497/61.51.05, 0476/65.37.83

           pas d’inscription pour assister..

En avril …….  Le fil sous toutes ses formes : thème proposé et non obligatoire dans l’ambiance sympathique d’une veillée conviviale, en compagnie du public sympathique.

 

389ième Veillée du 7- Scène ouverte, spectacle de contes

 

quand ? le vendredi 9 mai 2025 à 20h        

où ? Théâtre à Denis, 302, rue Ste Marguerite, 4000 Liège

combien ? 4€                                                        pour qui ? tout public

infos, inscription pour conter : réservation maisonconteliege@gmail.com; 0497/61.51.05, 0476/65.37.83

           pas d’inscription pour assister..

Fleur, plantes,  pour orner notre mai : thème proposé et non obligatoire dans l’ambiance sympathique d’une veillée conviviale, en compagnie du public sympathique.

  

POURQUOI LA DENTELLE ?

 

Comment m’est venue la passion pour la dentelle aux fuseaux ?

 Durant ma formation d’enseignante pour devenir professeur dans le secteur de la couture, nous avions un cours d’Histoire du costume, j’étais admirative devant les belles dentelles représentées par les peintres du 16ième, 17ième et 18ième siècles.

Je murmurais en silence : « Un jour je pourrai peut-être en réaliser ? »

 Le temps passe, je suis enseignante, mariée, maman… je confectionne mes vêtements et suis insatisfaite des dentelles vendues dans les merceries.

Mon mari perd son travail et suit une formation à Mirwart près de Saint-Hubert, il revient avec une publicité pour un stage d’été à Martué (Florenville) : « Dentelle aux fuseaux » une semaine en résidentiel.

 Les enfants ravis de mon absence d’une semaine … mon rêve va peut-être se réaliser ?

Le matériel est prévu sur place, il faut amener marqueurs de couleur, épingles. Rien n’est précisé, j’en déduit que les épingles doivent être de couleur.

 L’arrivée au stage se fait un dimanche soir, un repas partagé, les stagiaires habituées échangent leur expérience, je ne comprends rien à leur langage : « passée tordue » « demi-passée », etc ….

Après une nuit au dortoir dans le grenier de la vieille école, un petit déjeuner sous chapiteau dans la cour de récréation, le stage débute.

* Préparer 6 paires de fuseaux

* Avec 2 paires, croiser, tordre, croiser, placer les épingles …

Là je comprends que la couleur des marqueurs sert à dessiner la fiche technique des différents points donc pas d’épingle de couleur !

Après avoir compris le mystère des croisements des fils, les félicitations de la monitrice, à midi je suis la femme la plus heureuse … j’ai enfin trouvé ce que je souhaite depuis plus de 25 ans.

 Depuis cet été, chaque année je suis retourné à Martué afin d’améliorer mes connaissances, ma curiosité ne s’arrête pas. Quand on est passionné, on partage, on élargit ses horizons, ce qui m’a amené à voyager, pour découvrir la dentelle dans le monde. (Finlande, Espagne, Grèce, Angleterre, France, Japon…)

 Mes amies ont souhaité que je partage avec elles, cette activité. Autrefois la dentellière devait jurer que jamais elle ne dévoilerait le secret de la fabrication de la dentelle. La dentelle était un métier, aujourd’hui c’est un hobby, mais surtout et je crois avoir pour mission de transmettre un « ART ». Durant près de 30 ans, j’ai animé un atelier « La Détente » et transmis à plus de 100 personnes, enfants, femmes, hommes cette « PASSION ».   Marie-José Janssen-Pery

Marie-Josée a d’étroites relations avec la Maison du Conte de Liège.  Elle est aussi une fidèle de nos veillées.  Merci à elle pour sa participation au Mensuel. MCD


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Spectacles – Veillées – Balades

           

Racontance

 

- le vendredi 4 avril à 20h, Les Zapéro-contes Charleroi. Au chapeau.

      Livre ou Verre, 6, passage de la Bourse - 6000 Charleroi.  

      Infos au 0470/23.67.01. Réservations non obligatoires.

      Inscriptions pour conter : racontancecarolo@gmail.com

Cette soirée scène ouverte aux conteurs est animée par Pascale Pezzotti, Joëlle Lartelier et Ahmed Hafiz.

 

- le vendredi 18 avril à 20h, Les Zapéro-contes Bruxelles, animés par Dominique Brynaert. Au chapeau

      À l'Ultimes Hallucinatie, 316 Rue Royale – 1210 Bruxelles.

      Inscriptions pour conter : racontance@hotmail.com 

      Infos et réservations vivement conseillées via le site : www.racontance.be

 

Dimanches du conte

 

- le vendredi 4 avril à 17h30, La valse des faucons par Julian Delgrange (France).  Au chapeau.

      au centre culturel Bruegel, rue des renards 1F (Bruxelles).  Tous publics dès 7 ans.

      Réservations : reservation@dimanchesduconte.be

Une fois n'est pas (encore) coutume, Les Dimanches du Conte vous invitent à faire escale un vendredi après-midi, pour commencer le weekend de manière festive avec les associations et habitant.es du quartier des Marolles. Bienvenue dans Marolles Ma DiverCité !

Récits fantastiques et de liberté retrouvées, accompagnées de handpan, de shruti box et de chants de marins.

 

Les contes de la lune folle par Annik Pirlot

 

- le vendredi 4, le samedi 5 à 18h30, le dimanche 6 avril à 16h. Tout public 10/12 ans.

        infos, réservations : 0487 425 129 ;  www.la-caverne-de-melusine.be 

         -18 ans : 6€ ; +18 ans : 8€ (en liquide).  Caverne de Mélusine, 3, rue des casernes, 5024, Gelbressée

Contes, poèmes, comptines,  consacrés à celle qui nous fait tant rêver

 

- le dimanche 6 avril, Au fil des histoires par Aurélie Beco.

       à Enghien au festival P'tit môme. 0471/76.16.54

Les temps sont durs, de plus en plus durs. Alors, les gens, ils cherchent, ils vont de porte en porte, ils cherchent les portes du paradis. Est-ce qu'ils les trouvent ?  Je ne sais pas.  Conte poético-clownesque qui a remporté le premier prix ex aequo au festival du conte de Chiny

 

Maison du Conte de Namur

 

- le 10 avril à 20h, Contes du 10ième jour. Pour raconter, s'inscrire au 0489 933 548. : 4 €

      Maison du Conte de Namur au 170, rue des Brasseurs à Namur

Venez (re)découvrir le plaisir d'écouter ou pour s'essayer à conter, que vous soyez conteur amateur ou confirmé.
Ambiance conviviale assurée. Le verre de l'amitié est offert à la fin de la soirée.
Si vous souhaitez un retour sur votre prestation, n'hésitez pas à le demander à un membre de l'équipe.

 

Centre culturel de Philippeville

 

- le vendredi 11 avril à 20h, Fais-moi un Conte, Côté jardin, Finale du 30e concours d’expression

      À l’église de Surice. 8€/4€/gratuit.

Sur les planches, des finalistes en provenance des quatre coins de la Wallonie. Toutes les tranches d’âges sont représentées. Adultes, ados, enfants… sans oublier un groupe de séniors de la résidence Vauban

 

- le samedi 12 avril à 14 h Contes de de destin et de malédictions par Jeanne la Contesse. Gratuit

       B3 Centre de ressources. Place des Arts, 1 – 4020 Liège.   Pour adultes et grands enfants

         Infos :  jeanne.godenne@provincedeliege.be   https://b3.provincedeliege.be/agenda

        L'inscription se fait par la billetterie du site du B3, mais peut aussi toujours être effectuée à la fin de la

        conterie pour éviter la contrainte de l'informatique.

        https://www.quefaire.be/ch/contes-pour-adultes-et-grands-enfants

On n’échappe pas à son destin. On peut combattre l’adversité, ou accepter son sort. Et il ne faut jamais se fier aux apparences, le petit, le faible peut parfois triompher de tout, des malédictions, du destin, et même de la mort.

 

Centre Culturel de Philippeville et Volubilis asbl

 

- Le 13 avril à 14h, Mains de menthe par Julie Renson et Anne Quintin.  Surice, parc de la Vignette.

      Infos : info@culture-philippeville.be    Accès libre.

Spectacle déambulatoire, exploration, ressenti, identification des plantes.  Voix contée et voix chantée en connexion avec la nature, les lieux, le public.

 

Conte en balade

 

- le 18 avril à 19h15, Nouvelles Mutantes par Alice Beaufort et Skuomachine.  Prix libre.

      Le Baixu, rue Picard, 3, 1080 Bruxelles.    

       Réservation indispensable : www.conteenbalade.be/programme

Récital électronique. Mutation, métamorphoses, face à la violence du système patriacral. Ou ce qui nous abime se transforme en ce qui nous empuissance. 

 

Maison du Conte de Charleroi

 

- le vendredi 18/04/25 à 19h30, CONTES COQUINS par Yann, Pascale, Sylvianne, Jacky et Marie

      Centre culturel de Jemeppe s/ Sambre

      Infos et réservations : 071 72 63 39 ou contact@centrecultureljemeppesursambre.be

 

- le samedi 19/04/25 à 10h00 et 11h0, KILIRI !  Lectures vivantes pour les 2,5 à 5 ans

- le lundi 21/04/25 de 11h00 à 12h00, LIVRERIES, Lectures vivantes pour de les 0 à 2,5 ans      
      Bibliothèque de Courcelles - Rue Monnoyer 46 - Courcelles
      Activité gratuite sur réservation : 071/46.38.60 ou 
bibliotheques@courcelles.be

 

RACONTE & NOUS

Buzz Radio 94.3 & 97.8 FM

Lundi 21/04/25 : Festival Factori en collaboration avec l’ULB.  Autour du surmonde du verre. Bientôt + infos 

En attendant, vous pouvez (ré)écouter nos émissions précédentes surur ::https://soundcloud.com/buzzrb/sets/raconte-nous

 

Babbelaar

 

- le samedi 26 avril, Maître Renart, le fripon divin, par Don Fabulist.  Adultes

      Ô Monde des Histoires - Ch. De Neerstalle 340, Forest 1190.  infos et réservations : mondedeshistoires.be

Spectacle de contes bouffonnesques.

 

- le dimanche 27 avril à 9h45, Légendes et contes de l'Ourthe et de l'Amblève. Par Gaëlle Commas.

      RDV Esplanade du Fair-play / Piscine d'Aywaille. Public familial, chiens acceptés tenus en laisse. Paf libre.

      Inscriptions NECESSAIRES : contes@1001nuits-aywaille ou 0497 32 32 82. 

Balade contée de 4,5 km sur les coteaux de la Heid des Gattes. Bottines de marche nécessaires. Le parcours est vallonné et n'est pas adapté aux poussettes. Possibilité d'apéro à la bonne franquette en fin de balade

 Formations - Ateliers

 

Volubilis asbl

 

- le mercredi 2 avril à 16h (accueil dès 15h30), Quand le chêne parle l’olivier chante,

      avec Jacinthe Mazzocchetti, Julie Renson, Colienne van Craen. Atelier d’expression orale pour tous.tes

      Le Delta, avenue Golenvaux, 5000 Namur. Public familial dès 4 ans. Gratuit.

      Infos : 0474/434152 ou bonjour@volubilisasbl.be 

A la croisée de nos chemins, faire naître de nouvelles histoires par la magie de la parole. 

 

Jeanne la contesse

- le samedi 5 avril à 11h - 13h - 14h30, Contes pour amateurs BD, à l’Exploratoire (1er étage).

      pas besoin d’inscription ! A partir de 7 ans et jusque 107 ans et demi
     B3, Place des Arts 1 4020 Liège. Renseignements : 
jeanne.godenne provincedeliege.be  04/279.52.73.
Dessiner, c’est avoir un pouvoir, une créativité. De nombreux contes parlent de dessin. Le dernier, celui qui donne le plus de liberté au dessinateur, ne pas en dévoiler le sujet à l’avance pour qu’il ne perde pas sa force.

 

Fédération de Conteurs professionnels de Belgique

 

- le 9 avril à 10h30, formation sur l'allocation du travailleur des arts par Me Alexandre Pintiaux

      Au Point Culture, 6 Place de l'Amitié, 1160 Auderghem.  Gratuit pour les membres de la Fédé.

      15 places par séances. Permanences téléphoniques : mardi de 10h à 16h30 et jeudi de 10h à 13h 

En apprendre plus sur l'allocation, sur son actualité et poser toutes vos questions.

Si vous ne pouvez pas venir le 9 avril, êtes-vous intéressé.e pour une date ultérieure ?  

 

Maison du Conte de Charleroi

 

- Les 12 et 26/04/2 14h à 16h, ATELIERS CONTE. Théâtre Marignan, 53, Boulevard Tirou, 6000 Charleroi

Infos & inscriptions : https://www.contecharleroi.be/ateliers-conte/

 

Racontance

 

- les 19, 20 et 21 avril, de 9h30 à 17h30, Plongée dans l'univers du conte …  par Dominique Brynaert.        

      Aucun prérequis. 1030 Bruxelles, près de la place Dailly. 145 euros.

      infos et inscriptions : https://www.racontance.be/formation_conte.html  - racontance@hotmail.com

Découvrir la richesse, l'étendue de l'Univers du conte et les outils pour conter avec talent et efficacité.

 

Maison du Conte de Namur

 

- les 26 et 27 avril de 9H30 à 17H00, Lieux et oralités, Workshop par Amandine Orban. 12 personnes

      95 € et l'inscription se fait uniquement par mail à maisonduconte.namur@gmail.com

      170, rue des Brasseurs, 5000 Namur. Infos : formations www.maisonducontenamur.be

 Ce workshop s’adresse à des personnes ayant une pratique de l’oralité et que ces questions animent.
Prévoir des vêtements adaptés au climat du jour et quelques histoires « réchauffées » sous le coude.

 

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Au tribunal 


Fil de laine, fil de vie, fil du récit.

En 1900

Jean est paysan. Il vit de peu de choses comme bien des gens de son époque, 3 poules, 1 chèvre et 1 mouton.

Cette nuit-là une poule disparaît, la Roussette, la championne.

Au matin, Jean s’en va au bourg pour porter plainte chez le magistrat. On lui dit d’attendre dans la salle. Patience. Il attend, longtemps.

-Vous allez être reçu par le juge.

-Déjà.

- L’affaire l’intéresse. Entrez et saluez poliment.

Jean entre dans la grande salle boisée, cirée de frais, qui sent bon l’encaustique.

Un jet de soleil se reflète sur la Sainte Bible qui accompagne le juge. Le jury est composé du seul magistrat, juge et partie, Maître Renard.

-Jean : Il me manque une poule, la meilleure. Je m’en suis aperçu au matin. Il ne reste rien de la pauvre bête, ni plume, ni os Le mouton est le seul à avoir passé la nuit dans la cour. C’est donc lui qui l'a dévorée.

-Mouton : Votre Honneur, Maitre Renard. J’étais seul dans la cour, cela reste à prouver !

De toutes manières il n’y a pas de preuve. Je suis d’une autre race, je mange herbivore. Je n’ai que dégoût pour la viande, son odeur, son goût et je ne supporte pas la vue du sang. Je suis exclusivement herbivore à tendance végétarienne, un tantinet vegan et intolérant au lactose de surcroît. Je crie donc haut et fort mon innocence et ne comprend absolument pas ce que je fais dans cette mise en scène tribunal.

Maître Renard prend acte. Il développe tous les faits, les mobiles, les alibis aussi.

Au soir il donne son verdict.

-Renard : Toute la nuit, mouton est resté seul avec la victime, la poule nommée la Roussette. Il a donc eu le loisir, l’opportunité de tuer la pauvre bête. Il n’a pas pu résister à de bas instincts, il l’a occis. J’ordonne donc l’exécution du mouton. Il faudra donner la chair au tribunal en paiement du procès et la peau et la laine reviendront au paysan dénommé Jean, le plaignant.

Ainsi fut fait, protection du tueur par la communauté !

Exécution d’un innocent pour calmer la hargne populaire !

 

En 1930

La scène précédente se déroule à Verviers, alors cité laitière internationale.

L’eau de la Vesdre y est renommée pour le travail de la laine. L’urine des habitants s’écoule dans la rigole et est recueillie avec le plus grand soin. Elle assure le meilleur traitement des fils de laine. Navettes navetteuses, métiers à tisser, tisserands. On vit dans la laine, on meurt pour la laine.

Le dit-mouton est d’une race unique. Il fabrique une toison épaisse, douce, chaude, bouclée.

Un individu exceptionnel. Il réside donc dans une belle prairie à côté de l’usine textile, en bord de la Vesdre, du côté de Renouprez.

Cette nuit- là il est occupé avec monsieur L'honneur, le directeur de la fabrique, à quelque analyse de sa spécificité.

Quand la maréchaussée vient pour l’arrêter, c’est toute la fabrique qui l’accompagne, le directeur, le comptable, la secrétaire, le chauffeur, les ouvriers, monteurs d’étoffe, bobineurs, simples ouvriers.

Ils sont une centaine dans le prétoire trop petit pour les accueillir tous.

Maître Renard, tout congestionné, essaye en vain de faire régner un peu de calme. Peine perdue, c’est jour de foire à Renouprez.

Le mouton a un alibi !

Maître Renard doit le relâcher et voit ainsi s'en aller en liberté son souper et le coupable de son crime sous les hourras joyeux d’une foule disparate d’ouvriers, de paysans, de bureaucrates et de notables du coin.

L’affaire du meurtre de la poule Roussette est toujours, à ce jour, non résolu. C’est un cold case bien connu dans la région, presque aussi célèbre que l'affaire du Chat Volant.

 

2025

Autre postulat, même scène, tribunal identique, même ambiance qu’au début.

Les GSM s'agitent dans le lointain. Toute la presse internationale est présente. Il règne une effervescence dans une demi-obscurité inquiétante.

Les leds ont remplacé les lampes à gaz. Les écrans tactiles forment un mur miroir du jugement de dieu (ou de vérité absolue.)

Poutine est le paysan réclamant justice

Zelensky est le mouton désigné coupable.

Trump joue très bien le rôle de Renard.

Quel sera le délibéré ?

 

Peu après mon écriture, la réalité a rejoint le conte et donné au jugement de Renard une version actualisée qui ne ferait en rien mentir Tolstoï.

C’est toujours la loi du plus fort. Le monde ne change pas. Il renouvelle simplement les tyrans et les tyrannisés.

Michelle Troupin, Projection extratemporelle du conte de Léon Tolstoï « Le jugement de Renard ».


Légende de la soie 


            Fil de soleil, fil de lune

            Fil de nuage, fil d’azur

Fil de vent, fil de pluie

Fil de rose, fil d’épine

Je vais tisser pour vous la légende de la soie.

 

Lune de Printemps est jeune, belle.  Jeune, belle riche, noble.  Malheureuse.  Depuis des jours et des jours, son père, le grand Seigneur de la Guerre, le conquérant invaincu, est prisonnier du désert de Taklamakan.  Au cœur de l’Asie, le plus terrible désert du monde.  Vent d’est, vent d’ouest, noroit, suroit, tous les vents de la terre s’y battent en hurlant comme des chiens.  Ils font et défont les dunes, précipitent sable et cailloux sur les imprudents qui osent les braver.

 

            Il y a des jours et des jours, son père, le grand seigneur de la guerre, s’est levé :

-  Qu’on fourbisse mes armes, qu’on selle mon cheval.

-  Lequel veux-tu ? Aile du Vent ?

- Non, Aile du Vent est trop frêle pour l’arroi de guerre.  Je prendrai Fort en Avant.

Le père, le Grand Seigneur de la Guerre, dans son armure étincelante, monté sur Fort en Avant, est parti à la tête de ses soldats.

            Comme d’habitude, les populations sont venues au-devant de lui avec des présents, pour faire leur soumission.  La victoire est grisante, à la fin, la victoire devient monotone.  La troupe finit par s’arrêter en bordure du désert de Taklaman.

- Ne nous laissons pas intimider par les vents.  Soldats !  En avant !

Le Seigneur de la Guerre brandit son épée, éperonne son cheval, s’élance.

Les vents s’unissant, poussent cheval et cavalier.  Le Seigneur, grisé par son courage, se dresse sur ses étriers.

- Soldats !

Personne derrière lui.  Le cheval trébuche, s’abat, se rompt le cou.  Le père est seul dans le plus terrible désert du monde.  Les vents s’acharnent contre lui, lui arrachent épée, casque, pièces de son armure.  Le pauvre homme se sent devenir fou.

 

            Les soldats sont revenus au pays.

- Noble Dame, voici ce qui est arrivé. Notre Seigneur de la Guerre, votre mari, a été magiquement emporté au désert de Taklamakan.  Nous avons été magiquement cloués sur place.

 

            Lune de Printemps va penser à son père sous le grand mûrier blanc.  Le grand mûrier blanc, tout une affaire !  On vint donner l’alerte : - Les chenilles !

Branle-bas de combat.  On secoue les branches pour décrocher les chenilles.  Enfin, l’arbre est sauvé.  Il reste une chenille par ci, une chenille par là.  Elles grossissent, filent un cocon bien à l’abri, se transforment en papillon.  Les papillons pondent des œufs.  Les œufs deviennent des larves, les larves se transforment en chenille et tout recommence.

- Mon mari, coupons cet arbre.  Il ne nous donne que des ennuis.

- C’est vrai, femme.  Mais il est si beau.

 

            Lune de Printemps va penser à son père sous le grand mûrier blanc.

- Dame !

- Qu’y a-t-il, palefrenier ?

- C’est encore Aie du Vent.  Il mord, il rue, il démolit sa stalle.  Je n’en sors plus.  Est-ce que Lune de Printemps peut venir ?  Elle seule est capable de le maîtriser.

- Aile du Vent, mon ami, mon bel étalon, calme-toi.  Tu as du chagrin, moi aussi.

Elle entoure la fière encolure du bel étalon noir, met sa tête contre sa crinière.  Ils restent comme cela longtemps.

            Sa mère se fait un sang d’encre.  Sa fille dépérit.  Il lui faudrait un mari, des enfants.

- Avis à la population !  La main de Lune de Printemps est promise à qui ramènera son père.  Les candidats devront remporter une épreuve préliminaire.  Qu’on se le dise !

Le lendemain, beaucoup de candidats, Lune de Printemps est riche, belle.

- Seul celui qui brisera le miroir magique de son souffle est capable de vaincre les vents du désert de Takalmakin.  Que les candidats se présentent.

Les candidats se suivent.  Aucun ne réussit à briser le miroir magique.  Arrive Aile du Vent.  Il hennit, hennit de toutes les forces de son amour. Le miroir vole en éclat.  Aile du Vent se cabre, file d’un trait, revient avec le père sur son dos.

            Un grand seigneur est parti, un pauvre homme revient.

- Qu’on soigne bien Aile du Vent, il m’a sauvé la vie.

Le père reprend des forces.

- Seigneur !

- Qu’y a-t-il, palefrenier ?

- C’est encore Aile du Vent.  Il mord, il rue, il démolit sa stalle.

- Aile du Vent ?  Que se passe-t-il ?

- Mon mari, je crois que je sais.  J’avais promis la main de Lune de Printemps à qui vous délivrerait …

- Femme, Nous n’allons quand même pas marier notre fille à un cheval !  Allons, Aile du Vent, calme-toi.  Il m’a mordu !

            Cheval qui mord

            Tue-le sans remord.

Le père prend son arc, une flèche, au milieu du front.  Aile du Vent tombe mort.

- Qu’on prenne sa peau, qu’on la tanne.  Nous oublierons sa méchanceté pour ne penser qu’à sa beauté.

            La peau sèche bien tendue sur des piquets.  Le vent se lève, décroche la peau, la plaque sur Lune de Printemps, emporte la jeune fille.  Le père cache son remord et son chagrin.  La mère va pleurer sous le grand mûrier blanc.  Légère caresse sur sa joue.

Dans le ciel, Aile du Vent, plus noir que jais.  Deux ailes immenses palpitent.  Sur sa tête, une couronne d’or sommée d’une lune de diamant.  Sur son dos, Lune de Printemps.  Elle saute de sa monture, va vers sa mère.

- Ma petite fille !  Les bras de la mère se referment sur rien.

- Nous sommes immatériels.  Nous sommes des dieux.  Aile du Vent est mon mari céleste.

- Que tu es belle !

Lune de Printemps est vêtue de tuniques superposées, chacune d’une couleur différente.  Elles ondoient dans le souffle de la divinité.  On dirait le reflet de l’arc-en-ciel sur un lac agité par la brise.

- De quoi sont faites tes robes ?

- De soie, mère, le fil magique tissé par les dieux

- Comme je voudrais une robe en soie 

- C’est impossible, Mère.  C’est le secret des dieux.  Si je le divulgue, je perdrai ma divinité.

-  Ma petite fille, rien que pour moi, ta mère.

Tant et si bien que :

- Tu laisses les chenilles manger tout leur content les feuilles du mûrier blanc.  Elles deviennent grosses, se filent un cocon. Tu jettes les cocons dans l’eau bouillante …

- Oh !  Les papillons !

- Les papillons ressuscitent dans le chatoiement de la soie.  Tu prends le bout du fil, du le dévides, tu en tors plusieurs ensemble, tu teins, tu tisses.

 

            Voilà comment la soie est descendue du ciel sur la grande terre de Chine.  Lune de Printemps est redevenue une simple mortelle.  Elle est aussi devenue impératrice.

 

Marie-Claire Desmette, D’après La Légende de la soie in Contes et légendes de Chine par Gisèle Vallerey, Nathan 1975.


 Le tricot et les hommes

 

Des fragments textiles, datant de plusieurs siècles, retrouvés en Égypte, montrent que le tricot était pratiqué par les hommes. Grâce à cette technique, ils fabriquaient et créaient des vêtements chauds.

Bien plus tard, au Moyen-Âge, le tricot est devenu une profession masculine en Europe.

Il y a même eu des guildes de bonnetiers, responsables de la fabrication de bonnets et autres vêtements tricotés uniquement composées d’hommes.

Par exemple, en Espagne, les hommes tricotaient des bas et des chaussettes pour les armées. En Angleterre, les bonnetiers formaient une guilde très puissante.

Avec l’industrialisation et surtout la mécanisation, le tricot est devenu plus accessible même si le tricot à la main est resté une compétence transmise de père en fils.

En Irlande et en Ecosse, les pêcheurs tricotaient eux-mêmes leurs propres chandails en laine. Le chandail, comme le célèbre pull Aran, est devenu emblématique de la culture locale.

Aujourd’hui encore, en Norvège et en Islande, le tricot est une activité courante chez les hommes.

N’oublions pas que, dans les régions de la cordillère des Andes, au Pérou et en Bolivie, les hommes tricotent les chullos (bonnets à oreillettes) et d’autres vêtements. Ces hommes maitrisent des techniques très complexes également transmises de génération en génération.

Tout particulièrement sur l’île de Taquile (île située sur le lac Titicaca), où cette technique a été inscrite sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco en 2008. Là-bas, cette technique est réservée aux hommes, dès l’âge de 8 ans ; les femmes s’occupent quant à elles du tissage.

 

D’après Des hommes et le tricot, une vieille histoire d’amour (Internet)  Maarie-Noëlle Herbiet


Arachné

Je vous emmène en Grèce, dans l’Antiquité, au temps où les dieux et les humains se fréquentaient.

 En Lydie, une région de Grèce, vivait Arachné.  Arachné est célèbre.  Elle est tisserande.  Sa mère était fileuse et lui a appris son métier.  Arachné a bien profité.  Elle file le fil de laine, de lin, le plus fin, le plus régulier, le plus solide.  Ces fils, elle le tisse.  Sortent de son métier, les tissus les plus souples, les plus élégants.  Arachné les orne de dessins en couleur.  Là son père, teinturier, intervient.  Il lui fournit les teintures les plus riches, les plus raffinées.

On vient de loin la regarder travailler.   Pour le plaisir de suivre ses doigts agiles, de découvrir son travail.  Parmi ses admirateurs, il y a les nymphes, ces divinités subalternes passionnées de nature.  Elles lui font des compliments :

- « Que tu es habile.  Quel beau travail sort de tes mains.  On voit que tu as reçu les leçons de la déesse Athéna. »

- « Quoi ?  J’ai tout appris par moi-même, j’ai découvert tout ce que je sais.  Athéna n’y est pour rien.  Que sait-elle faire, elle ?  Je n’en sais rien.  Je suis prête à me mesurer à elle. »

Les nymphes rapportent les propos d’Arachné à Athéna.  Athéna prend les apparences d’une vieille femme et va trouver Arachné. :

- « Ma jeune amie, ne crois pas que tu sais tout.  Tu as encore bien des choses à apprendre de plus âgées que toi.   Implore le pardon de la déesse, elle te pardonnera peut-être. »

- « Toi, la vieille, tu radotes.  Tu as trop vécu.  Si tu veux faire des sermons, adresse-toi à tes filles et tes brus, elles t’écouteront peut-être. Je ne demanderai aucun pardon à la déesse.  Au contraire, je la défie.  Je lui propose un concours : qui de nous deux fait le plus beau travail.  Mais la déesse, où est-elle, hein ? »

- « Ici ! », la vieille disparait, la déesse est là dans toute sa gloire. « Je relève ton défi. Nous accepterons le verdict de spécialistes. »

 

Elles se mettent au travail, la robe nouée serrée autour de leur poitrine pour avoir les bras libres, ne pas être gênées.  Elles dressent leur métier, tendent des fils de chaîne.  Leurs navettes insèrent les fils de trame, fils teints de nuances subtiles.  Le peigne les tasse.

 

Le jour du concours est arrivé.  Les spécialistes sont là.  Aussi beaucoup de public.  Les nymphes, certains dieux.

Athéna dévoile son travail.  Cri d’admiration.  Elle a représenté les dieux avec leurs attributs.  Au centre, Zeus avec ses foudres. Déméter avec sa corne d’abondance, Neptune avec son trident.  Elle s’est représentée elle-même, casquée, avec sa lance et son égide.  Et bien d’autres dieux encore.

Dans chaque coin, elle a représenté homme et femme qui se sont élevés contre les dieux et ont été punis.  Avertissement évident.  Le tout est entouré de rameaux d’olivier, l’arbre de la déesse.

- « Quel merveilleux travail !  Impossible de faire mieux !   A Arachné maintenant. »

Eclat de rire !  Arachné a représenté les dieux se méconduisant, avec les déguisements qu’ils ont pris pour séduire leur proie.  Zeus est au centre avec sa pluie d’or.  On y voit aussi bien d’autres dieux à cheval, en dauphin, épervier, en Amphitryon, …  Chaque élément finement nuancé.  Visages vivants, plis des vêtements élégants.  Impossible de douter, le travail d’Arachné est supérieur à celui de la déesse.  Ovation du public.

Athéna est furieuse.  Elle a sa navette pointue en main, elle en donne trois coups sur le front d’Arachné.  Elle arrache sa tapisserie, la déchire avec sa force de déesse.

Arachné est désespérée.  Elle se pend.

Athéna a des remords.  Elle soutient Arachné pour qu’elle ne meure pas.  Ne renonce quand même pas à sa vengeance.

- « Tu vivras pendue à un fil.  Sans fin, tu tisseras ta toile. »  Elle change Arachné en araignée.

 

Marie-Claire Desmette d’après Le dictionnaire des symboles, des mythes et des légendes, Marabout 2000. 

Fil et savoir-faire


Sujet immense et considérations forcément lacunaires

Sans vergogne, j’évoque mes souvenirs personnels, avec l’espoir de susciter les vôtres.

 

Le début du fil.  Pour commencer par le commencement, quel génie, quelle génie, dans l’obscurité de la nuit des temps, pour la première fois, a cueilli la laine de mammouth accroché à un buisson d’épines, en a tiré des brins, les a tournés entre ses doigts, en a rabouté pour en faire un long fil ?  Dans quel but ?  Nous n’aurons pas de réponse à ces questions.  Nous avons devant nous une page blanche offerte à nos imaginations, les vôtres, les nôtres.

 

Le tricot. Un bricoleur patenté, dont l’atelier est abondamment pourvu d’outils à main et électriques, de matériaux de toutes sortes, ce bricoleur a déclaré un jour : Le tricot est un bricolage génial.  Deux bâtons et un fil.

A cette simplicité de mise en œuvre, il faut ajouter patience et persévérance, et surtout du savoir-faire.  Sans oublier l’apprentissage.  On ne naît pas sachant tricoter.  Le savoir-faire ne tombe pas du ciel.

 

Le crochet. Matériel encore plus simple : du fil et le crochet. 

Avec le fil le plus fin et le crochet tout aussi fin, ma grand-mère créait des merveilles.  Fleurs, feuilles, arabesques, picots, qui devenaient des cols, des manchettes, des gants.  Au bénéfice de ses petites-filles, de ses amies. N’oubliez pas que les dames ne sortaient pas sans gants, que les petites filles voulaient faire de même

Maintenant, je vois ma grand-mère comme une artiste créatrice.

Une autre manifestation de savoir-faire et d’imagination :

 

La dentelle. On peut faire de la dentelle au tricot, au crochet et aussi avec du fil et une aiguille, des fuseaux et bien d’autres techniques dans le monde comme la guipure, le macramé.

Nous ne sommes pas au bout de nos découvertes.

 

La broderie. Toujours un fil et une aiguille. Des patrons, l’imagination personnelle.  Points de chausson, de croix, d’épine, bourdon, jours.  Et un tissu bien tendu sur le tambour (il y en a un en première page. Les belles blouses brodées, souvenirs de nos voyages en Europe centrale, ce qui nous amène au tissage.

 

Le tissu. Vaste sujet où nous nous perdrons volontairement. Un peu partout dans le monde, les archéologues trouvent des fusaïoles, preuve de tissage.  L’évolution, la modernité, nous amènent aux machines et aux usines.  

 

Le fil et les contes. Prenons par exemple le conte de la Belle au bois dormant.  La jeune princesse se pique le doigt à un fuseau.  Cette jeune princesse, je la vois comment ?  Pas nue, ni vêtue de peau de bêtes.  Une robe en soie, de la dentelle, des broderies, un vêtement raffiné, digne de la fille du roi.  Si nous disions une fille de reine, nous serions plus près de la réalité.  La soie nous renvoie à la légende de la soie.   Je me mets à me demander comment Lune de Printemps et sa mère étaient habillées avant la découverte de la soie.

 

Généralités. Le fil et tous ses savoir-faire se sont exercés à l’intérieur du foyer, para artisans et artisanes, par les machines et l’industrie.

 

Le fil et vous. Examinez votre garde-robe, les tiroirs de vos commodes, elles sont remplies de pièces tricotées avec des mailles de toutes les grosseurs, de tissus de toutes natures jusqu’aux synthétiques, une des manifestations du savoir-faire humain.  L’immense majorité des êtres humains actuels sont vêtus par l’industrie du fil.

Les machines sont performantes, irremplaçables.  Mais le travail, l’habileté des mains, l’originalité, l’invention, gardent toute leur valeur.  Les machines n’ont pas de sixième sens.

 

Le fil et l’actualité Tricot, crochet, retrouvent la cote.  60 millions de publications sur Instagram. Il existe un salon français Créations et Savoir-faire.  A Bruxelles, le Salon du Fil a eu lieu en février.

Laine fleurie est un projet de l’Europe pour valoriser durablement la production lainière.

 

                                                                                                    Marie-Claire Desmette


Fil de laine

 

Un cottage anglais au charme désuet. Dans une corbeille une broderie, une tricoterie, une modèlerie.

Au centre de tout cela, un bout de laine.

Pénélope, à pas feutrés, s'en saisit et fait courir le fil dans la pièce, dans la maison, jusqu'au village, sur toutes les routes, au travers de la Manche, dans tous les recoins du monde. Elle déroule, roule, roule le fil de laine. Pénélope, épuisée, s'étend au sol, s'étire, se lave les patounettes, se gratte le cou et repart de plus belle. Roule, roule le fil de laine de la corbeille du cottage désuet.

Ainsi un jour, la planète se réveille habillée de fil de laine, jamais le même, toujours différent mais même épaisseur, tension identique.

Vieux Père au ciel dort au soleil. Un miaulement triomphal, tel César au retour de Gaule, le tire de sa torpeur. Mission accomplie pour Pénélope.

Alors, Vieux Père se lève et . . . tire un penalty avec la planète recouverte de sa doudoune laineuse.

Petit sursaut, quelques soubresauts et puis s'arrête. Le fil se déroule, roule de travers et s'échappe dans le sens opposé, roule, roule le fil de laine de la corbeille du cottage désuet.

Hoquet cosmique, Vieux Père rit. Pénélope, les yeux mi-clos, fait la pâte sur un tas de fil de laine.

 

 Bafouille de Michelle Troupin

 

Expo Paul Delvaux au musée de la Boverie à Liège

 


Le Carnaval des Ombres. Six balades contées au musée de la Boverie dans le cadre de l'exposition Paul Delvaux.

En ce bel après-midi amorce de printemps, trois élégantes conteuses, Cécile, Laure et Maria apparaissent, vêtues de noir, masque vénitien. Elles invitent les deux groupes qui patientent à l'entrée du musée à les suivre.

Associer la découverte des œuvres à des histoires est l'aventure proposée en ce début de congé de carnaval. Comment cela va-t-il se passer ?

Les uns avec Cécile et Laure ; les autres accompagnent Maria.

Faire des arrêts devant un tableau du maître à diverses époques. Et voici l'histoire qui s'évade du tableau. Et voici une sirène et voici un prince serpent !

Autre interprétation, autre mode d'expression, autre approche. On écoute à deux oreilles, un œil de côté vers un tableau qui accroche le cœur. On hume l'air, on trafique le léger brouhaha en silence de pierre, on respire la lumière. C'est sûr et certain, Delvaux est présent, intrigué, interpellé par ce trio féminin qui « raconte » autrement son œuvre. On change de salle, difficile d'abandonner, de délaisser ces chefs-d’œuvre : les Vestales, les Deux Amies, L'Antiquité, les Trains.

Il faut suivre le fil que déroulent les trois conteuses. Elles nous rassurent. Après ! Vous pourrez revenir en arrière et vous gavez de ces visions. OUF !

Ce fut un voyage complet dans une autre dimension sans casque de réalité virtuelle ou Intelligence Artificielle. Simplement, une rencontre entre un peintre, les personnages de ses tableaux et les récits choisis par les trois conteuses.

Découverte d'un peintre belge par la parole contée de trois conteuses de la Maison du Conte de Liège.

Magnifique expérience ! Ce n'est pas la première du genre. Bravo aux artistes et merci au musée de la Boverie de nous offrir ces moments d'exception.

 

                                  Michelle Troupin.


Y a pas à dire, il y en a à dire sur le fil


Thème de notre numéro. Y a pas à dire, il y en a dire sur le fil.

Depuis la nuit des temps, l’homme, créature sans poils, a cherché à se protéger, à se vêtir.

De peaux de bêtes il est passé à la fabrication, au tissage.

 

Bien sûr, il y a encore et aussi « les fils de la vierge », autrement dit les fils fabriqués par ces merveilleuses tisseuses que sont les araignées.

Tout le monde a en tête l’image de ces ingénieux pièges tendus par ces prédateurs arthropodes. La soie secrétée par les araignées est réputée pour sa résistance, sa légèreté et son élasticité.

 

Selon les cultures, les araignées sont perçues avec crainte, méfiance ou respect et de nombreuses légendes sont inspirées par les toiles qu’elles tissent. Les Égyptiens ont associé les araignées à la déesse Neith, tisseuse du destin et créatrice de l’univers.

Plus près de nous, dans la mythologie grecque, Arachné, tisserande mortelle, a osé défier Athéna qui l’a transformée en araignée.

Chez les Navajos, c’est la femme-araignée qui a créé le monde et enseigné à ce peuple l’art du tissage. Au Ghana, Anansi l’araignée est une figure populaire connue comme un filou, un personnage rusé et un conteur…

Au Japon, il y a une créature ressemblant à une araignée et capable de se transformer en une belle femme pour séduire et attaquer les hommes sans méfiance.

De tisserandes du destin à escroc ou protectrices, les araignées et leur fil ont fasciné les différentes civilisations, incarnant un large éventail de qualités et/ou de défauts.

 

On  ne peut pas dire que la rédaction de cet article m’a donné du fil à retordre, j’ai suivi scrupuleusement le droit fil et je vous assure que cette histoire n’est pas cousue de fil blanc mais, de fil en aiguille, mes recherches m’ont fait voyager au fil de ma mémoire et m’ont rappelé plusieurs expressions comme, par exemple, filer à l’anglaise, sa vie ne tient plus qu’à un fil, perdre le fil ou donner un coup de fil, avoir un fil à la patte, le fil rouge d’une histoire, être sur le fil du rasoir, avoir ou pas  inventé le fil à couper le beurre, sans oublier le fil dentaire, le fil du haricot ou le fil à plomb….

 

Quelques réflexions d’après un article lu sur Facebook.

Depuis 1938, des chercheurs de Harvard étudient le bonheur humain. Leur découverte ? Ce n’est ni la richesse, ni la réussite, ni même la santé qui comptent le plus… mais la qualité de nos relations (Waldinger & Schulz, The Good Life, 2023).

 

Parlons du lien, des liens, ces « fils » qui nous connectent à nous-même, aux autres, à la nature, à la nourriture, au monde ; c’est si important pour chacun d’entre nous de garder du lien, des liens, de se (re) connecter.

Comment est le lien avec mon corps, avec mon âme, la nature, mes amis, mes proches, ma famille, la musique, l’Art au sens le plus large, le quartier où je vis, l’endroit où je travaille ?

Nous apprenons des liens que nous créons, nous créons notre bonheur non pas grâce à nos possessions mais grâce à la trame de liens que nous tissons.

Prendre soin de son bonheur, c’est prendre soin de ses liens…

 

Marie-Noëlle HERBIET

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